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Tching Tchang Tchong
30 juillet 2009

Mon rêve

En me couchant, j'ai senti cette odeur de draps. Une odeur qui me rappelle mes vacances en Chine, une odeur très impersonnelle, celle des draps neufs qui sortent du placard, comme si je n'étais plus chez moi.

Cette nuit, j'ai fait un rêve. Je ne me souviens plus exactement du rêve, mais je me souviens que ma mère riait aux éclats. Ma mère, elle rit très rarement. Elle sourit, mais rire, pas tellement. Sauf dans mes rêves, sauf dans ce rêve.

Puis je me suis levé. Toutes ces années à me battre contre ce père que je déteste, toutes ces années enfermé dans ma chambre à le fuir, tout ce temps passé avec cette haine. Ma mère aussi supporte mon père, elle aussi souffre tout autant que nous. Pourtant, je me souviens, elle n'a jamais hésité à se faire disputer, et parfois battre, pour me voir sourire sourire. Car, en dehors de ce sourire de politesse, moi non plus je ne souris pas beaucoup. A l'école primaire ou au collège, je me souviens que dans mes bulletins scolaires j'avais en appréciation : "élève triste". Mais contrairement à mon père, ma mère, qui ne parle pas français, ne l'a sans doute pas remarqué à travers les remarques des professeurs. C'est pourquoi elle me donnait de l'argent pour que je puisse acheter des snacks quand j'avais faim ou qu'elle m'autorisait à acheter ces choses si vaines que je m'entêtais d'aimer malgré notre piètre condition, quitte à subir les représailles mon père.

En passant les dernières années de mon existence à haïr, je crois que j'ai oublié d'aimer, l'impression encore vague d'avoir inversé mes priorités. Bien que les tensions se soient un tant soit peu relâchées, je continue à faire la guerre à mon père. Or, dans quelques mois, je partirai probablement vivre à Marseille. Je me réjouis de quitter le domicile familiale car à Marseille j'aurai une nouvelle vie, je fréquenterai des jolies filles etc., mais en partant je laisserai aussi derrière moi mon petit-frère et ma mère seuls face à mon père--ça, je ne l'oublie pas--, ce que j'oublie peut-être c'est comment leur dire adieu, après tout ce qu'ils ont fait pour moi.

Je me sens un peu égoïste, mais je suis content d'avoir changé mes draps.

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Commentaires
T
Oui, mais je sais être heureux. Mais parfois, je ne peux m'empêcher de penser à ma famille. <br /> <br /> <br /> au passage, très intéressant le "moi aussi", j'ai soudainement envie de vous connaître :)
A
Parfois je culpabilise aussi, par rapport à la famille. Mais tu ne peux pas porter tout le seul le poids de la misère du monde. Il faut penser à toi aussi et apprendre à être heureux.
Tching Tchang Tchong
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