La Chinoise (2)

On se voyait très peu, et pour une fois que l'on se voyait il faisait un temps merveilleux, cependant j'apportais une bien triste nouvelle. Comme d'habitude, j'étais de bonne humeur et je parlais avec une certaine insouciance. Je lui ai dit que prochainement, j'irais à Marseille et j'irais finir tmes études aux Etats-Unis très certainement. A cause de mon ton léger, elle ne le prenait pas tout à fait au sérieux. On a ri, on a parlé d'autres choses, on est resté un peu ensemble. Au bout d'un moment, à cause de je ne sais quelle magie, elle est revenue sur ce que je lui avais dit. Elle était soudainement très troublée. Elle réalisait mon discours.

J'essaie de la consoler, je lui dis qu'elle n'a aucune raison de s'inquiéter, que je garderai contact avec elle car moi non plus je n'avais pas envie de partir, que je ferai si que je fera ça etc. Elle me répond enfin : "Mais moi non plus je ne veux pas que tu partes."

Je me rends alors compte à quel point ce que je lui ai annoncé était fatal, à quel point elle est impuissante face à ma décision. Toutes les leçons de moral que me faisait mon père ont défilé devant moi. "Pense à ce que pensent les autres." "Toi, tu sais ce que tu veux, mais est-ce que tu sais ce que les autres [ceux qui t'aiment] veulent ? Arrête de ne penser qu'à toi !"

On dit toujours que je suis extrêmement froid et distant. Inémotif. Je ne sais pas depuis quand je suis devenu une chiffe moche qui s'émeut pour si peu, pour quelqu'un que je connais à peine.